Au sein de l’UMR, l’axe « Histoire du judaïsme et des minorités » est notamment pris en charge par le Centre Alberto-Benveniste d’études sépharades et d’histoire socioculturelle des Juifs (désormais abrégé en CAB). Dotée d’un conseil scientifique international, cette structure, fondée le 1er janvier 2002 au sein de la Section des sciences religieuses de l’École pratique des hautes études (EPHE), après avoir eu le statut de JE puis d’EA, s’est vu reconnaître, en juin 2008, celui de « laboratoire de l’EPHE », suite aux votes du Conseil scientifique et du Conseil d’administration de cet établissement. Depuis le 1er janvier 2010, le CAB est une composante à part entière de l’UMR 8596.

1) Moyens et objectifs

Le CAB a pour vocation première le développement de la recherche sur le monde judéo-ibérique avant et après l’Expulsion des Juifs d’Espagne en 1492, aussi bien dans le domaine de la langue, de la culture que de l’histoire. Il fournit l’encadrement scientifique adéquat et peut offrir, grâce notamment à l’appui de mécènes privés, des aides matérielles et financières aussi bien aux étudiants qu’aux chercheurs confirmés. Depuis 2004, il octroie ainsi chaque année une bourse d’un montant de 3 800 € à un(e) étudiant(e) en Master II ou en Doctorat. Et depuis sa création, il attribue chaque année un prix de la création et un prix de la recherche, de 1 500 € chacun, pour une œuvre publiée en français et ayant un lien direct avec son domaine d’intérêt. Le CAB assure enfin la tenue et l’enrichissement constant d’un fonds de documentation et d’une bibliothèque spécialisés, installés dans les locaux que l’EPHE lui a affectés au 41 rue Gay-Lussac, dans le 5e arrondissement de Paris (bureaux 88 et 91, environ 50 m2 et quatre postes de travail informatisés). Le catalogue de ce fonds est accessible en ligne. Si sa vocation « sépharade » reste centrale, l’évolution naturelle du CAB ainsi que les intérêts propres de ses membres (titulaires et associés) ont conduit à une extension et à une diversification de son champ d’intervention qui en font aujourd’hui une structure de recherche unique en Europe. Études sépharades proprement dites s’y combinent désormais aux études d’histoire socioculturelle du monde juif ainsi qu’aux études d’histoire comparée des minorités. Un Groupe d’études transversales sur les mémoires (GETM) s’y est constitué en janvier 2009. Et de fait, l’un des atouts majeurs du CAB, en dépit de sa taille modeste, est sa capacité à fédérer autour des problématiques qu’il privilégie, dans des actions spécifiques (colloques nationaux et internationaux, ouvrages collectifs, séminaires), un nombre important de chercheurs et d’enseignants-chercheurs français et étrangers, venus d’horizons disciplinaires variés (histoire, sociologie, anthropologie, etc.). Tout au long de la période , l’action du CAB s’est développée dans le cadre de diverses collaborations nationales et internationales (HL-Senteret, Oslo ; New York University ; Stanford University). Il a bénéficié en du soutien de la Fondation Posen (The Center for Cultural Judaism), ce qui l’a intégré à une constellation prestigieuse d’universités (essentiellement nord- américaines, telles Harvard, UCLA, etc., et israéliennes) dévouant une part de leur activité à l’étude et à l’enseignement des dimensions « séculières » (secular) de l’histoire et des cultures juives. Le CAB a par ailleurs été partenaire de la plupart des opérations conduites dans le cadre du « Pari(s) du Vivre-Ensemble », une structure associative dévouée à la promotion d’une « science citoyenne », et a, à ce titre, collaboré à des projets soutenus par divers organismes privés et publics (UNESCO, Agence nationale pour la cohésion sociale et pour l’égalité des chances [ACSÉ], Conseil régional d’Île- de-France, Ville de Paris, Services culturels de l’Ambassade des États-Unis à Paris, etc.)
Le Centre Alberto-Benveniste déploie une importante activité éditoriale. Il s’est fixé pour règle de publier systématiquement et rapidement les actes des colloques qu’il organise. Il dispose par ailleurs d’une collection (« Cahiers Alberto-Benveniste »), accueillie par les Presses de l’Université Paris- Sorbonne (10 ouvrages publiés à ce jour). Le CAB dispose de son propre site web : www.centrealbertobenveniste.org.

Enfin, le CAB, depuis son rattachement à l’UMR 8596, est devenu partie prenante des projets de l’UMR. Il s’est trouvé associé à plusieurs projets « transversaux » – tel, notamment, le colloque « Les expulsions des minorités religieuses dans l’Europe latine (XIIIe-XVIIIe siècles). Argumentation théologique, théorisation juridique et pratiques sociales », organisé sous l’égide conjointe du CRM et de l’Université Paris XII. Et il est par ailleurs heureux de voir son action propre renforcée et prolongée par deux chercheurs de l’UMR dont les travaux touchent de près à l’histoire du judaïsme (en terre française et en terre germanophone notamment), chercheurs avec lesquels il entretient des liens étroits d’amitié et de collaboration depuis de nombreuses années.

2) L’importance des réalisations collectives

– Le CAB a eu à cœur d’assurer le rayonnement national et international de l’UMR. Il l’a fait d’abord à travers l’invitation de deux enseignants-chercheurs étrangers : Avi Shlaim, Professeur à St Antony’s College, Université d’Oxford, en mars-avril 2009, pour quatre conférences sur « Le sionisme, Israël et le monde arabe » et sur « ’Nouvelle histoire’ et post-sionisme », et Sari Nusseibeh, Président de l’Université Al-Quds (Jérusalem-Est), en janvier-février 2011, pour quatre conférences, lesquelles ont été publiées sous le titre Une allumette vaut-elle toute notre philosophie. Nouveau regard sur la question palestinienne (avec une préface d’Esther Benbassa, Paris, Flammarion, 2012). Il l’a fait ensuite à travers l’organisation annuelle, le troisième lundi de janvier, à Paris (Salle Louis Liard, en Sorbonne, jusqu’en 2010, à l’ENS, 45 rue d’Ulm ensuite) des désormais traditionnelles « Conférences Alberto-Benveniste », lesquelles attirent un public nombreux (environ 250 personnes). Depuis 2007 sont intervenus successivement Aron Rodrigue, Stanford University, Béatrice Perez, Rennes II, Bernard Vincent, EHESS, Michèle Escamilla, Paris X–Nanterre, Louise Bénat-Tachot, Paris-Sorbonne.

– Le Cab a témoigné de sa volonté de rayonnement en accueillant et en coordonnant les travaux, sur trois ans (), du Groupe d’études transversales sur les mémoires (GETM), déjà cité. Le GETM a notamment organisé, à Paris : /sept séminaires fermés dont les comptes rendus sont disponibles sur le site web du CAB (sur les thèmes suivants : « Le devoir de mémoire », « Mise en récit du travail de mémoire », « Introduction à la physiologie de la mémoire : de l’encodage à l’oubli », « L’impossible oubli numérique », « L’historien des villes face aux trous de mémoire », « L’oubli dans l’écriture des programmes scolaires », et « La mondialisation des politiques du passé »). /Une journée d’étude, le 17 octobre 2009, sur le thème « A l’ère des mémoires, quel avenir pour l’oubli? ». / Un cycle de 6 conférences publiques sur « Les mémoires génocidaires », d’octobre 2010 à mars 2011 : « Le cadre juridique des mémoires génocidaires », par Antoine Garapon (juriste, magistrat, secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice) ; « Les génocides et l’écriture de l’histoire », avec Raymond Kevorkian (historien, enseignant à l’Institut français de géopolitique de l’Université Paris VIII) et Serge Klarsfeld (avocat et historien, président de l’association des Fils et filles de déportés juifs de France) ; « Les mémoires individuelles des génocides », par Jorge Semprun (écrivain, ancien ministre espagnol de la culture) ; Zofia Lipecka (artiste): « L’art et la construction des mémoires génocidaires », et Agnieszka Grudzinska (maître de conférences à l’UFR d’études slaves de l’Université Paris-Sorbonne): « Le rôle de la littérature dans la formation de la mémoire génocidaire » ; « Témoignages et construction des mémoires : le cas du Rwanda », avec Michèle Hirsch (avocate) et Géraud de La Pradelle (agrégé de droit, professeur émérite à l’Université Paris X -Nanterre) ; « Face au bourreau », par François Bizot (ancien directeur d’études à l’EPHE, membre de l’École française d’Extrême-Orient). L’intégralité des enregistrements de ces séances est consultable sur le site web du CAB.

– Le CAB a organisé ou coorganisé 10 colloques : 21-22 mai 2007 : « L’histoire des minorités est-elle une histoire marginale ? », colloque international étudiant. Actes publiés. / 22-23 novembre 2007 : « Itinéraires sépharades. Complexité et diversité des identités », colloque international co-organisé en Sorbonne, avec l’Université de Stanford. Actes publiés. /19 mars et 2 avril 2008, à l’UNESCO et en Sorbonne : Édition 2008 du Pari(s) du Vivre-Ensemble : Exposition, projection de film, débats et journée d’étude sur le thème « L’école à la rencontre de la pluralité culturelle ». Actes publiés. /15- 16 mai 2008 : « How to Integrate Minority Narratives into National Memory? », colloque organisé à Oslo par le HL-Senteret et le CAB, avec le soutien du Pari(s) du Vivre-Ensemble. Actes publiés. /6-7

avril 2009 : « Israël-Palestine. État des lieux », colloque organisé à Paris, Pari(s) du Vivre-Ensemble. Actes publiés. /11-12 décembre 2009 : « Minorités visibles en politique», colloque international organisé à Paris (ENS, 45 rue d’Ulm, Paris Ve), par le CAB, en collaboration avec New York University, Pari(s) du Vivre-Ensemble. Actes publiés. /14-16 janvier 2010: « De la “pureté du sang” en Espagne. Du lignage à la “race”: les préjugés de sang et leurs controverses à l’époque moderne », colloque international organisé à Paris par les EA CLEA et ETOILL, en partenariat avec le CAB. Actes publiés. /28-29 mai 2010 : « Les traces postcoloniales en France. Négation coloniale, trous de mémoire ou trop de mémoire? », colloque organisé à Paris, Pari(s) du Vivre-Ensemble. Actes publiés. /17-18 janvier 2011: « Les Sépharades et l’Europe », colloque du Xe anniversaire du CAB, organisé à Paris en partenariat avec Stanford University. Actes publiés. /30 septembre et 1er octobre 2011 : deux journées de débats, agrémentées d’une séance de lectures et d’un concert, organisées à Paris (ENS, 45 rue d’Ulm, Paris Ve), pour marquer la sortie du dossier coordonné par Esther Benbassa dans la revue Mouvements (La France en situation postcoloniale ?). Actes de la seconde journée (Femmes en situation postcoloniale) à paraître aux éditions La Découverte.

– Le CAB a enfin développé une intense activité éditoriale. Dans le cadre de sa propre collection, les « Cahiers Alberto-Benveniste », il a publié : Stéphanie Laithier et Hélène Guillon (éds), L’Histoire et la Presse, Paris, Le Manuscrit, 2007 (actes d’un colloque organisé par le CAB) ; Stéphanie Laithier et Vincent Vilmain (éds), L’histoire des minorités est-elle une histoire marginale ?, Paris, PUPS, 2008 (actes d’un colloque organisé par le CAB) ; Eva Touboul Tardieu, Séphardisme et Hispanité, L’Espagne à la recherche de son passé (), Paris, PUPS, 2009 (publication d’une thèse) ; Esther Benbassa (éd.), Itinéraires sépharades. Complexité et diversité des identités, Paris, PUPS, 2010 (actes d’un colloque organisé par le CAB) ; Esther Benbassa (éd.) Les Sépharades. Histoire et culture du Moyen Âge à nos jours, Paris, PUPS, 2011 (volume anniversaire, réunissant les dix premières Conférences Alberto-Benveniste) ; Katherine E. Fleming, Juifs de Grèce (XIXe-XXe siècle), traduit de l’américain par Bernard Frumer, Paris, PUPS, 2011 ; Colette Zytnicki, Les Juifs du Maghreb. Naissance d’une histoire coloniale, Paris, PUPS, 2011 ; Jean-Christophe Attias (éd.), Les Sépharades et l’Europe. De Maïmonide à Spinoza, Paris, PUPS, 2012) ; Denis Vaugeois, Les premiers Juifs d’Amérique (1760- 1860). L’extraordinaire histoire de la famille Hart, Paris, PUPS, 2012. Le CAB a également publié : Esther Benbassa (éd.), Israël-Palestine. Les enjeux d’un conflit, Paris, CNRS Éditions, 2010 (actes d’un colloque organisé par le CAB) ; Cora Alexa Doving & Nicolas Schwaller (eds), Minority Narratives and National Memory, [Oslo], Unipub, 2010 (actes d’un colloque co-organisé par le CAB) ; Esther Benbassa (éd.), Minorités visibles en politique, Paris, CNRS Éditions, 2011 (actes d’un colloque organisé par le CAB) ; La France en situation postcoloniale?, dossier coordonné par Esther Benbassa, numéro hors série de la revue Mouvements, septembre).

3) La part forte des recherches individuelles

Jean-Christophe Attias, directeur d’études à l’EPHE, titulaire de la chaire de pensée juive médiévale (VIe-XVIIe siècles) – Il s’est d’abord efforcé, au cours de la période de référence, de mettre en forme et de publier, dans deux grands ouvrages de synthèse, les résultats de recherches menées depuis de longues années et testées au fil d’un enseignement spécialisé dispensé dans le cadre de l’EPHE. Ces deux ouvrages sont Penser le judaïsme (CNRS Éditions, 2010) et Les Juifs et la Bible (Fayard, 2012). Il a par ailleurs eu à cœur de mettre ces résultats à la portée d’un public plus large dans des ouvrages et des articles dits de « vulgarisation ». Il a notamment codirigé, avec Esther Benbassa, un important ouvrage d’initiation à l’histoire et à la culture des grandes religions vivantes, Des cultures et des dieux (Fayard, 2007, rééd. au format poche, coll. « Pluriel », 2012). Il a lancé des enquêtes nouvelles sur des problématiques transversales : question du comparatisme dans les « religions du Livre » ou définition de la place des Juifs, et spécialement sépharades, dans l’histoire culturelle de l’Europe. Son intérêt s’est par ailleurs étendu à une approche comparative des trajectoires et des conditions minoritaires en Europe médiévale et moderne. Il a veillé à assurer un rayonnement international à ses recherches, notamment par la traduction de plusieurs de ses ouvrages. Son action scientifique s’est enfin prolongée en action citoyenne ; il est en effet le coorganisateur, depuis 2006, de rencontres et d’initiatives sur le thème de la lutte contre les racismes, les discriminations et

l’exclusion dans le cadre du « Pari(s) du Vivre-Ensemble ». .
Esther Benbassa, directrice d’études à l’EPHE, titulaire de la chaire d’histoire du judaïsme moderne, directrice du CAB – Ses recherches sur « la souffrance comme identité », conduites dans une perspective comparatiste, ont abouti à la publication d’un ouvrage portant ce titre, aux éditions Fayard (2007), couronné par la médaille de bronze du Prix Guizot de l’Académie française (2008), très vite réédité au format poche dans la coll. « Pluriel » (2010), et traduit en anglais, en italien et en espagnol. E. Benbassa a poursuivi ses travaux sur le monde sépharade, et dirige depuis 2007, aux PUPS, la collection des « Cahiers Alberto-Benveniste ». Son intérêt, toujours centré sur l’histoire des Juifs à l’époque moderne et contemporaine, s’est étendu à une étude comparée des conditions et trajectoires minoritaires en France et en Europe, jusques et y compris en contexte postcolonial. Dans ces domaines, elle a notamment dirigé le premier Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations (Larousse, 2010) jamais publié en France, ainsi qu’un volume sur les Minorités visibles en politique (CNRS Éditions, 2011), le premier du genre, là encore, dans notre pays. Publiant régulièrement articles et ouvrages dits de « vulgarisation », ainsi que des tribunes dans la grande presse, souvent invitée dans les médias, elle a également codirigé, avec Jean-Christophe Attias, un important ouvrage d’initiation à l’histoire et à la culture des grandes religions vivantes, Des cultures et des dieux (Fayard, 2007, rééd. 2012). Soucieuse de publier à l’étranger (ouvrages et articles), organisatrice de plusieurs colloques internationaux, travaillant en partenariat avec le HL-Senteret d’Oslo, Stanford University et New York University – où elle a été professeure invitée en sept.-oct. 2008 –, elle a prolongé son action scientifique en action citoyenne en coorganisant depuis 2006 rencontres et initiatives sur le thème de la lutte contre les racismes, les discriminations et l’exclusion dans le cadre du « Pari(s) du Vivre-Ensemble ».
Dominique Bourel, directeur de recherche au CNRS – Son travail sur les Juifs germanophones entre le XVIe et le XXIe siècle s’articule dans deux directions: la Haskalah (les Lumieres juives) et le siècle de Martin Buber. Il a été mêlé de près aux nouvelles recherches sur la modernité juive menées en Israël, aux États-Unis et en Allemagne, avec les travaux de David Sorkin, Steven Lowenstein, Shmuel Feiner et Christoph Schulte. Ce n’est plus seulement la figure de Moses Mendelssohn qui détermine son travail, mais la deuxième génération de la Haskalah, surtout Lazarus Bendavid et David Friedlaender. Il s’est aussi intéressé au modèle berlinois exporté en Europe, par exemple en Suède, avec Aron Isaak, ce qui a motivé son séjour au Swedish Collegium for Advanced Studies d’Uppsala en 2009. Il a prolongé l’enquête sur la Haskalah avec la Russie, où il va désormais régulièrement et où il a assuré des cours à Saint-Pétersbourg et à Moscou dans le cadre du Collège universitaire français en 2010 et 2011. Il a pu comparer l’activité de certains huguenots comme Abel Burja, qui non seulement passait de Berlin à Saint-Pétersbourg mais avait traduit Mendelssohn avant de créer le vocabulaire des mathématiques en Allemagne. Le deuxième axe de ses recherches s’est constitué autour de la figure de Martin Buber ; il en a lu la correspondance (50 000 lettres de et à Buber) dans les archives de la Bibliothèque nationale de Jérusalem. Outre la préparation d’une biographie et d’un second volume de lettres, il a publié quelques missives de manière séparée comme celles concernant Jean Richard Bloch ou Henry Kissinger. Il a été amené dans le cadre de missions régulières à Jérusalem à encadrer des recherches sur Buber et les Juifs allemands, par exemple en préparant un ouvrage sur la naissance de l’Université hébraïque ou des enquêtes sur Émile Meyerson.
Cyril Grange, directeur de recherche au CNRS – Il a centré ses travaux sur les élites juives à Paris sous la Troisième République. Il a soutenu, début 2008, une HDR intitulée « Les familles de la grande bourgeoisie juive parisienne sous la IIIe République : stratégies et réseaux » dont la thématique centrale était les modes d’insertion des familles de la bourgeoisie juive dans la société parisienne. Étaient systématiquement passées en revue les questions de l’arrivée à Paris et des modalités d’installation (individuelle, familiale), l’évolution des positions professionnelles occupées, la répartition dans la ville, les comportements d’alliance au sein mais aussi à l’extérieur du groupe juif, la sociabilité à travers notamment la présence dans les cercles et clubs, les rapports à l’art et encore, pour les femmes, la tenue de salons… Dans la perspective de la publication, C. Grange a entrepris la rédaction de deux chapitres supplémentaires sur le patrimoine des familles de la haute bourgeoisie juive et sur les modes d’éducation, aujourd’hui en voie d’achèvement. L’étude des patrimoines a

entraîné le dépouillement d’un corpus de près de 150 déclarations de succession conservées aux Archives de Paris et des Hauts-de-Seine. Montants, composition et stratégies de dévolution mises en œuvre sont tour à tour observés. L’accent est particulièrement mis sur le caractère international des patrimoines. Dans le cadre de la thématique des élites juives, C. Grange a par ailleurs dirigé un dossier consacré à « La grande bourgeoisie juive parisienne (). Entre assimilation, judéité et antisémitisme » dans la revue Archives juives, (2009/1)

Hélène Guillon a soutenu une thèse de doctorat en histoire contemporaine à l’EPHE, sous la direction d’E. Benbassa, sur « Le Journal de Salonique, un instrument de la modernisation d’une communauté juive dans l’Empire ottoman () » Le Journal de Salonique a été publié entre 1895 et 1911 dans la ville, alors ottomane, dont il porte le nom. À travers sa monographie, H. Guillon a cherché à mettre en lumière, au sein de la presse juive de l’époque, la spécificité de ce périodique sépharade en langue française publié par et pour l’élite bourgeoise et commerçante de la ville, ainsi que son rôle dans la société salonicienne alors en pleine transformation. En effet, face aux défis que représentent l’occidentalisation, le développement du sionisme et la montée des nationalismes dans les Balkans, le journal se fait à la fois miroir et acteur de la communauté en difficulté, proposant une redéfinition de l’identité juive, ottomane et salonicienne.


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