Le Centre Roland Mousnier constitue depuis des décennies l’un des pôles majeurs de l’école de démographie historique française, ainsi que du champ de l’histoire de la famille, en plein développement actuellement. Le laboratoire accueille d’ailleurs en son sein la Société de Démographie Historique (S.D.H) ainsi que sa revue, les (A.D.H.). De nombreux chercheurs du laboratoire sont membres du bureau de la S.D.H. (Cyril Grange, Vincent Gourdon, Sandra Bree, Isabelle Robin-Romero, trésorière) ou du comité de rédaction de la revue (Cyril Grange, François- Joseph Ruggiu, Françoise de Noirfontaine, secrétaire de rédaction, Vincent Gourdon, rédacteur-en- chef). 4 grands sous-axes de recherches doivent ici être mis en exergue :

– Démographie historique
– Histoire de la famille et de la parenté
– Enfance, jeunesse et éducation
– Médecins, médecines et société

1) Démographie historique

a) Enquêtes collectives portées par le laboratoire. Les enquêtes de démographie historique au long cours, initiées par Jean-Pierre Bardet et Jacques Renard, se sont poursuivies sous leurs directions au sein du Centre Roland Mousnier. 1) L’Enquête « Pont l’Evêque et ses campagnes au XVIIIe siècle » retrace l’adaptation du modèle démographique augeron aux transformations économiques de cette région au XVIIIe siècle. Dans son livre paru en 2011 (Pont-L’Evêque et ses campagnes aux XVIIIe et XIXe siècles), Jacques Renard montre que le développement des herbages dans cette région a réduit l’optimum de peuplement. La réponse la plus significative du monde agricole a été la limitation volontaire des naissances. 2) L’Enquête sur « La population de Vernon et de ses campagnes au XVIIIe siècle » porte sur un ensemble de communes ou étaient envoyés les enfants abandonnés de Paris. Il s’agit notamment de mesurer l’impact de l’élevage mercenaire sur les comportements démographique de la population d’une cinquantaine de paroisses contiguës. 3) L’Enquête sur « La Vendée au XIXe siècle » développe une vaste base de données permettant d’analyser le rattrapage démographique des pertes subies par ce département pendant les troubles de la Révolution, et la forte expansion de la population au XIXe siècle.

Depuis une quinzaine d’années, le champ de la démographie historique à l’échelle internationale a connu trois grandes réorientations : de l’époque moderne vers le XIXe siècle ; de l’étude des comportements familiaux ruraux vers l’histoire démographique urbaine ; de l’analyse des systèmes démographiques vers l’analyse des parcours individuels. Il s’agit de plus en plus de dégager les variables explicatives des trajectoires individuelles en matière démographique (fécondité, nuptialité, mortalité, mobilité) en croisant un suivi nominatif longitudinal avec des méthodes économétriques. Cette optique (event-history analysis) suppose de construire des bases de données nouvelles. C’est pour répondre à ce défi que Jean-Pierre Bardet a déclenché les enquêtes de Vernon et de Vendée et que François-Joseph Ruggiu, arrivé au Centre Roland Mousnier en 2008, a porté le projet ANR «

Mobilités, populations et familles en France du Nord ». Ce dernier regroupe des chercheurs et ingénieurs du laboratoire, ainsi que des équipes partenaires à Bordeaux-III et Amiens et des chercheurs étrangers, et se donne pour objectif de suivre l’ensemble des habitants de la ville de Charleville (Ardennes) dont le patronyme commence par la lettre « B », de la fin du XVIIe siècle à la fin du XIXe siècle. La ville de Charleville possède en effet la particularité d’être la seule ville française à disposer de recensements municipaux annuels sur toute cette période, formant ainsi une source exceptionnelle qui peut être croisée avec les registres paroissiaux ou d’état civil ainsi qu’avec les sources notariales. Une base de données, élaborée sous Filemaker Pro et en voie d’installation sur le TGE Adonis, est en cours d’élaboration : fin 2011, la moitié des recensements conservés ont été dépouillés par des membres de l’équipe (en particulier des ingénieurs du CRM comme Yves Perret- Gentil ou Marie-Catherine Souleyreau). Les premiers résultats fournis par la base (sur l’évolution de la structure des ménages (F.-J. Ruggiu), la mobilité urbaine de très court terme (V. Gourdon, avec F. Boudjaaba, CERHIO) ou le parrainage au XVIIIe siècle (V. Gourdon, avec G. Alfani, Université Bocconi, Milan ; etc.) ont été présentés dans des rencontres au Japon et en Italie et ont nourri le colloque « Charleville, une ville neuve et sa population », organisé à Charleville-Mézières les 10 et 11 décembre 2010.

b) projets personnels et collaborations internationales. D’autres sources servent également à constituer de nouvelles bases de données utiles à la démographie historique et plus largement à l’histoire sociale. Jacques Renard a établi un dictionnaire des 17 330 soldats originaires de la Manche décédés durant le premier conflit mondial, et a réalisé une étude démographique des variables disponibles dans les dossiers militaires (Les « morts pour la France » du département de la Manche , paru en 2009). L’expertise des membres du centre Roland Mousnier dans le domaine de la démographie historique et de la construction des bases de données a conduit à de nombreuses collaborations avec des institutions à l’étranger. Porteur de l’enquête sur la ville de Charleville, F.-J. Ruggiu a entamé une collaboration avec le groupe de travail du professeur N. Yoshida de l’Université de Tokyo, au sein de laquelle il mène une réflexion plus générale sur le statut des individus en milieu urbain. J. Renard, quant à lui, a participé au projet ANR porté par l’Ecole française de Rome, « Du stade de Domitien à l’actuelle piazza Navona, genèse d’un quartier de Rome », qui construit une base de données des personnes résidant autour de cette place entre 1770 et 1825. Il a aussi collaboré à des projets de démographie historique avec la Louisiana State University, l’University of California, l’Université Iberoamericana de Mexico, l’Université de Bari, l’Université de Malte, etc.

2) Histoire de la famille et de la parenté

Le champ de l’histoire de la famille et de la parenté est en plein développement depuis vingt ans en France, et constitue un axe fort des travaux du CRM. Un séminaire commun d’histoire de la famille et de démographie historique est organisé en son sein depuis 2008 par J.-P. Bardet, V. Gourdon, C. Grange et F.-J. Ruggiu. Les travaux s’orientent dans trois directions, dont deux dans le cadre de projets de l’ANR.

a) Les écrits personnels francophones. Depuis septembre 2008, François-Joseph Ruggiu se consacre au suivi scientifique du projet de l’Agence Nationale de la Recherche « Les écrits personnels francophones de la fin du Moyen Age à la fin du XIXe siècle ». Ce projet prolonge la grande enquête, lancée au début des années 2000 par Jean-Pierre Bardet et F.-J. Ruggiu, qui portait sur les écrits du for privé – diaires, autobiographies, journaux intimes… – en France. Dans cette démarche, F.-J. Ruggiu est assisté par Elisabeth Arnoul, ingénieur d’études au centre Roland Mousnier, qui assure la

coordination scientifique et technique du centre de recherches sur les écrits du for privé (GDR CNRS n° 2649 « Pour une recension des écrits du for privé en France de la fin du Moyen-Âge à 1914 » sous la direction de Jean-Pierre Bardet et François-Joseph Ruggiu) et du projet ANR. Elle relaie les informations auprès de tous les participants à l’enquête sur les écrits du for privé, assure la liaison avec les institutions partenaires, forme et encadre le personnel vacataire et répond aux demandes des utilisateurs du site web et de la base de données, suit des étudiants de mastère. Cette enquête a donné lieu à trois rencontres et colloques entre 2008 et 2011 co-organisées par le C.R.M. : ESF Exploratory Workshop on Ego-documents in European Context. « First-person writings in Europe from the end of the Middle Ages to the beginning of the twentieth century » à Bordeaux ; « Individus et liens sociaux dans les écrits du for privé en Europe, de la fin du Moyen Age à 1914 » ; colloque international du FRAMESPA (UMR 5136) du GDR CNRS n°2649 et Centre Européen d’Art et de Civilisation Médiévale (Conques) à Conques ; colloque international « Les usages de l’écrit du for privé (Afriques, Amériques, Asies, Occidents, Orients) », GDR CNRS n° 2649, tenu à Paris. Un objectif majeur de l’enquête consiste à informatiser les analyses des documents recensés dans les archives et bibliothèques publiques françaises en développant une base de données en ligne (http://inventaire.ecritsduforprive.fr). Fin 2011, le corpus se compose de 1861 fiches et 35 départements ont été couverts. Cette base de données est en voie d’installation sur le TGE Adonis.A partir de ces sources, Elisabeth Arnoul mène, dans le cadre de son doctorat, un travail sur l’histoire du veuvage masculin en France à l’époque moderne (communication au colloque de Limoges, 2010). Quant à François-Joseph Ruggiu, ses travaux personnels ont surtout porté sur l’étude des relations familiales, de la construction des identités individuelles et de l’émergence du soi au XVIIIe siècle.

b) Réseaux de parenté. Cyril Grange a initié une collaboration étroite avec des chercheurs du Laboratoire d’Anthropologie Sociale et du Centre d’Etude des Mondes Africain autour de la question du traitement informatique de la parenté. Cette collaboration s’est concrétisée par un premier programme de recherche financé par l’ANR (Traitement informatique des phénomènes de parenté en anthropologie et en histoire : une approche intégrée, ) dont il était co-responsable. Elle a donné lieu à l’élaboration d’un logiciel intitulé Program for the Use and Computation of Kinship data (PUCK) qui permet de procéder à un recensement exhaustif des configurations matrimoniales qui composent un réseau de parenté, sans autre spécification préalable que la taille maximale des chaînes recherchées. Outre cette fonction « centrale », ce logiciel propose nombre de fonctionnalités : la saisie des données, la segmentation du réseau de parenté selon divers critères, l’identification de ses principales propriétés, la conversion entre différents formats, la production de sous-réseaux faisant intervenir des réductions analytiques, etc. Par ailleurs, il n’y a pas de limite quant à la taille des corpus susceptibles d’être analysés, lesquels peuvent aussi bien résulter d’un travail d’archives portant sur une période de plusieurs siècles que d’enquêtes ethnographiques auprès de communautés vivantes dans différentes régions du monde. Les articles du numéro spécial des Annales de Démographie Historique (2008/2), intitulé « Les réseaux de parenté – Refonder l’analyse » sont une première illustration des exploitations susceptibles d’être réalisées à partir de PUCK. Le premier programme de recherche s’est poursuivi au travers du projet intitulé « Simulations de parenté : modélisation de la dynamique matrimoniale et mnémonique dans les réseaux de parenté » (), financé lui aussi par l’ANR. Le but du projet consiste à résoudre, par voie de simulation contrôlée, une série de problèmes qui entravent jusqu’à présent l’interprétation des recensements de circuits dans des réseaux de parenté, et, partant, toute tentative de fonder l’analyse d’un système de parenté sur l’examen des pratiques matrimoniales empiriques : ces problèmes concernent la

distribution attendue de circuits sous des hypothèses réalistes, la neutralisation des biais du corpus, et l’identification des artefacts du réseau.

c) Réseaux familiaux et sociaux : parrainage et témoignage au mariage. La réflexion sur l’histoire des réseaux familiaux et sociaux, qui élargit le champ de l’histoire de la famille aux relations non domestiques, s’est poursuivie autour de deux grands liens : le témoignage au mariage et le parrainage au baptême. Sur le premier point, trois articles de Vincent Gourdon sont parus (A.D.H. 2006/2, paru en 2007 ; H.E.S., 2008/2 ; Mélanges Bardet, 2007) qui montrent l’impact des facteurs sociaux et de genre dans la mobilisation symbolique de la parenté, ainsi que la progression de la part de la parentèle au sein des témoins au cours du XIXe siècle en Europe occidentale. Cette montée de la parenté dans le réseau relationnel visible, qui remet en question les certitudes traditionnelles concernant l’affaiblissement de la famille dans les sociétés modernes industrielles et urbaines, est également au cœur des interrogations sur le parrainage. Depuis 2006, plusieurs membres du laboratoire sont affiliés au réseau Patrinus, réseau européen d’histoire sociale et culturelle du baptême et du parrainage, co-dirigé par G. Alfani (Milan) et V. Gourdon (CNRS, CRM) et qui compte fin 2011 90 membres en Europe et en Amérique. Ce réseau organise régulièrement des rencontres scientifiques internationales, soit dans le cadre de colloques organisés par ses soins (colloque de Saint-Etienne, 2007), soit au sein de l’European Social Science History Conference (2 sessions à Lisbonne, 2008). Dans les deux cas, une sélection de travaux remaniés a été rassemblée pour publication : la première est sorti aux PUSE en 2009 sous la direction de G. Alfani, Ph. Castagnetti et V. Gourdon, la seconde est à paraître début 2012 chez Palgrave Macmillan.

Deux chercheurs du CRM (Vincent Gourdon, Isabelle Robin-Romero) associés à une étudiante de mastère (Camille Berteau) ont lancé en 2008 une enquête sur la paroisse d’Aubervilliers depuis le XVIe siècle. Il s’agissait de mener pour la première fois une étude sur le long terme des pratiques de parrainage dans la France du nord. Dans un premier temps, suivant la démarche initiée par Guido Alfani pour l’Italie du Nord, a été mesuré l’impact de la réforme tridentine sur des usages particuliers du parrainage entre XVIe et XVIIe siècle (passage du modèle ternaire au couple parrain/marraine ; verticalisation des choix, marginalisation du parrainage ecclésiastique). Dans un second temps, il s’est agi d’évaluer le processus de familialisation des choix de parrains et marraines sur trois siècles, jusqu’à l’aube de la Révolution. Deux articles sont parus (XVIIe siècle, 2010/4 ; Obradoiro de Historia Moderna, 2010). Dernièrement, au colloque de Bucarest « Women, Families and Religiosity » (avril 2011), une communication sur genre et parrainage a été présentée. Vincent Gourdon travaille en relation avec G. Alfani (Milan) sur le rôle économique du parrainage en Europe aux époques moderne et contemporaine, ainsi que sur la cérémonie de baptême comme mobilisation symbolique des réseaux sociaux (A.D.H. 2009/1 ; Cheiron 45-46 ; Dondena Working Paper 2010). Signalons pour compléter ces trois axes majeurs que François-Joseph Ruggiu et Vincent Gourdon ont par ailleurs entamé une réflexion sur le thème des « familles en situation coloniale », qui a abouti en décembre 2009 à une première journée d’études internationale au CRM et dont les actes sont à paraître dans la revue Annales de Démographie Historique.

3) Enfance, jeunesse et éducation

Etienne Broglin a élaboré un catalogue chronologique et alphabétique des pensionnaires de l’Académie Royale de Juilly de 1651 à 1828, ce qui représente 7000 élèves à identifier, et à suivre si faire se peut. A ce jour , il a publié un article dans les actes du colloque de Bordeaux, « Jeunesse (s) et élites » (P.U.R. 2009). Vincent Gourdon a présenté ses travaux sur l’histoire de la grand-parentalité dans divers articles (Semata, 2007/18), colloques (Il posto dei bambini, Rome, 2009) ou conférences

publiques. Il a établi en 2011 une version remaniée et complétée de son Histoire des grands-parents, à paraître en version poche chez Perrin début 2012. Depuis septembre 2011, il co-dirige à l’EHESS le séminaire « Regards croisés sur la petite enfance » qui confronte les analyses d’historiens, de sociologues, d’anthropologues et de démographes. Depuis 2007, Isabelle Robin-Romero a poursuivi ses recherches sur les enfants assistés sous l’Ancien Régime en publiant sa thèse sur les orphelins à Paris (PUPS, 2007) dans une version remaniée, ainsi qu’en présentant une synthèse avec Marion Trévisi (Amiens) sur l’assistance aux enfants à Paris à l’époque moderne (Mélanges Bardet, 2007). Y sont décrites la variété des régimes d’admission et de traitement des petits assistés de la capitale et la circulation de ces enfants entre des institutions aux fonctions complémentaires. Enfin une autre contribution d’I. Robin-Romero dans un colloque à Montpellier III (2011) s’attarde sur les dénominations et qualificatifs appliqués aux enfants délaissés dans les textes des fondateurs et administrateurs d’hôpitaux aussi bien que chez les auteurs intéressés par la question sociale du XVIIe au début de la Révolution.

Des membres du C.R.M. (V. Gourdon, I. Robin-Romero) ont organisé en septembre 2011 un colloque international de la Société de Démographie Historique soutenu par l’UMR 8596, la CNAF et la région Ile-de-France, qui se proposait d’explorer le thème de l’histoire de la parentalité à l’époque moderne et contemporaine en Europe. V. Gourdon a co-organisé une session sur l’histoire des jeunes en Europe au colloque de la Société ibérique de démographie Historique (A.D.E.H.) aux Açores (avril 2010).

4) Médecins, médecines et société

a) Sexualité : André Béjin, DR2 au CNRS, rattaché à la Section 36 (Sociologie-Normes et Règles), a développé ses recherches dans deux directions. D’une part, il a travaillé sur l’histoire de la sexologie française, en codirigeant un numéro spécial, consacré à ce thème et comprenant 10 articles, de la revue Sexologies. Revue Européenne de Santé Sexuelle (juillet-septembre 2007), ainsi qu’en faisant- au Troisième Congrès de l’Association Française de Sociologie (avril 2009) invité par le Réseau thématique « Recherches en Sciences Sociales sur la Sexualité »- une communication sur l’éjaculation prématurée selon les médecins et les sexologues français de 1830 à 1960. D’autre part, il a poursuivi ses recherches sur l’histoire de la psychopathologie de la sexualité en procurant des éditions critiques de 3 ouvrages classiques : La morale sexuelle de Gabriel Tarde en 2008, Les formes du masochisme de Richard von Krafft-Ebing en 2010, Sadisme de l’homme, sadisme de la femme de Richard von Krafft-Ebing en 2011, ainsi qu’en publiant, dans le numéro spécial « Le centenaire de la mort d’Alfred Binet » de la revue Recherches et Educations (5,2011), un article intitulé « Sur le caractère fondateur de l’article de Binet (1887)’Le fétichisme dans l’amour’».

b) Histoire sociale de la médecine et prise en charge des maux et des malades : Isabelle Robin- Romero s’est lancée dans l’exploitation du fonds des lettres adressées au docteur Geoffroy entre 1714 et 1730 conservé à la BIUSanté de Paris qui n’a encore jamais été étudié dans sa totalité. Ces papiers permettent d’envisager au moins trois axes d’étude : les conditions de la pratique des consultations épistolaires que l’on replace dans le cadre plus général de la production d’avis, la publication d’observations et de consultations par les médecins tout au long de l’époque moderne, la prise en charge des malades et des maladies, aussi bien par leur entourage –famille et amis- mais aussi par les soignants de toutes sortes -médecins, chirurgiens et empiriques, et les pratiques thérapeutiques. Ces travaux en cours ont été présentés lors d’une conférence invitée à l’EPHE (2009), dans un colloque à Paris 13 la même année dont les actes ont été publiés (Presses du Septentrion, 2010).

c) Les médecins et les frontières de la naissance : dans le cadre d’un travail plus global sur les transformations du baptême en France depuis la Révolution française, Vincent Gourdon s’intéresse au conflit entre les prescriptions hygiénistes portées par le monde médical français du XIXe siècle et les normes religieuses entourant la naissance. Dans un article paru en 2009 dans Baptiser, pratique sacramentelle, pratique sociale, il a étudié la remise en cause par les médecins français (Marc, Villermé, Loir, Monot, Budin) de la prescription du baptême précoce, décrite comme l’une des principales responsables de la mortalité infantile. Dans un article écrit en collaboration avec Catherine Rollet, et publié dans la revue Population (2009), il s’est intéressé à la construction statistique du taux de mort-nés à Paris au XIXe siècle et a montré l’impact des différents enjeux médicaux, juridiques et religieux dans la définition de la mortinatalité et dans la mise en place de son enregistrement statistique. La montée en puissance de l’hygiénisme, cumulée à une obsession de l’infanticide, a engendré une vision de plus en plus extensive de la mortinatalité (prise en compte des fausses couches de plus en plus précoces) qui s’est traduite par une montée en flèche des indicateurs statistiques.


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